C’était un vendredi. Je suintais le Ricard de tous mes pores. J’étais à bout. Vidé. Lessivé.
Fatigué de moi-même. Fatigué de faire semblant. Fatigué de tout. Minable.
Et c’est ce jour-là, alors que je n’avais même plus l’énergie de me battre que j’ai posé le verre. Enfin.
Pas de grande promesse, pas de révélation. Juste cette voix au fond de moi : « Ce n’est plus possible. »
Je ne savais pas où j’allais… bien incapable d’imaginer une vie sans alcool…
Mais je savais très bien où je ne voulais plus aller. Et c’était déjà énorme.
Un jour. Puis un autre. Et encore un autre.
J’ai compté les heures. Passé des soirées. Survécu à ces matins où l’envie me giflait. Traversé ces dimanches sans repère, sans refuge.
Ça n’a pas été glorieux. Pas toujours beau. Mais entre la peste et le choléra, je n’avais plus rien à perdre. Rien de ce que j’avais tenté jusque-là pour me contenir, me raisonner, me modérer n’avait marché.
Alors j’ai continué. J’ai tenu… Et à force les choses ont bougé.
Petit à petit, tout est devenu plus simple, plus normal, plus aligné.
Les heures sont devenues des jours, puis des semaines. Les semaines se sont transformées en mois puis en années.
Et aujourd’hui, ça fait 17 ans… 6205 jours.
Je les compte encore ces jours.
Parce qu’on compte toujours ce qui nous a marqué. Parce qu’on n’oublie pas ce genre de rendez-vous avec soi-même.
Je compte aussi pour me souvenir d’où je viens et ne jamais oublier l’état dans lequel j’étais ce 28 mai 2008.
Alors non 17 ans, ce n’est pas une coupe ni même une médaille. Mais c’est une trace… un chemin. Un rappel que même à bout de souffle, on peut encore choisir la vie.
Et peut-être que ces 17 ans, c’est aussi une preuve, pour toi. Un exemple, s’il t’en faut un.
Alors si tu es à bout toi aussi, si tu n’en peux plus… dis-toi que tu es exactement dans l’état où j’étais.
Et je ne me remercierai jamais assez d’avoir posé ce verre il y a 17 ans.
Toi aussi, tu peux le faire.
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